ALLUMEZ LES MOTEURS, LANCEMENT DE LA TRANSFO PARIS • session #1
Mardi 15 novembre 2016, nous prenons nos quartiers dans un salon feutré de la mairie de Paris. Le salon Chéret, auquel nous accédons après un circuit labyrinthique à travers les magnifiques couloirs de l’Hôtel de Ville.
Nous voilà donc installés pour cette première session de La Transfo. Trois jours pour rencontrer les 20 agents ambassadeurs et débuter le travail sur notre premier cas pratique : la carte citoyenne.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, nous prenons une demi-journée pour faire connaissance et établir collectivement nos règles de travail. L’objectif est de commencer à construire un groupe, et de s’accorder sur la logique de travail et l’approche méthodologique de La Transfo (formation-action, expérimentation entre les services, innovation par le design, approche réflexive sur les pratiques de l’institution…).
En amont de cette journée, l’équipe de pilotage avait identifié 90 agents volontaires de l’institution qui nous accompagneront sur l’ensemble de la démarche. Ces volontaires ont été répartis en 2 catégories :
* Les « ambassadeurs » seront impliqués de manière continue dans les travaux de conception et dans l’intégration d’une logique d’innovation dans l’institution. Nous travaillerons ensemble, durant 18 mois, pour dessiner et tester collectivement le futur labo de Paris.
* Les « relais » participeront ponctuellement, lors de temps d’échanges ou de restitution, de manière à apporter un regard plus distant sur la démarche, sur les choix et les orientations. Ils seront éventuellement mobilisés pour leur expertise ou pour tester en situation réelle des maquettes réalisées par les ambassadeurs. Ils constitueront le deuxième cercle de la communauté de la Transfo en cours de constitution.
Retrouvez le planning des 3 jours de la session.
Les principaux moments
Présentation en binôme et rapide “organigramme humain”
Deux par deux, nous nous présentons l’un à l’autre. Qui sommes-nous ? Dans quelle direction travaillons-nous et que venons-nous chercher dans La Transfo ? Ensuite, chacun présente son binôme au reste du groupe. Et chacun va se placer au sein d’un organigramme humain, créé en direct pour l’occasion. Il s’agit de se placer dans l’espace, plus ou moins loin des autres ambassadeurs en fonction des degrés de relations réelles des directions dans la vraie vie. Plus les directions travaillent quotidiennement ensemble, plus les personnes seront proches dans l’organigramme. A contrario, plus les directions sont éloignées dans la vie, plus les personnes le seront dans l’espace.
Bon. Avouons-le, l’exercice est un peu un échec. Au final, un amas de personnes – presque toutes interconnectées – revendiquait le centre de l’organigramme. Malgré tout, si la forme n’y était pas, l’exercice a permis (outre de bien rigoler !) de vérifier et de partager le constat que nous avons bien un groupe hétérogène et transversal dans l’institution ; et de bien repérer les compétences et les expertises de chacun, à mobiliser pour les prochaines étapes.
L’organigramme géant est un peu désorganisé, mais la diversité des services au sein de l’équipe apparait très clairement
Présentation de l’équipe de résidents
Pas de grand discours, les résidents répondent aux questions posées par les ambassadeurs :
Arnaud Wink, jeune designer, diplômé de l’Ensci (Ecole Nationale Supérieure de Création Industrielle), explique en deux mots ce que le design vient faire dans un tel contexte. Il rappelle les principes du design des politiques publiques.
Caroline Gerber revient sur sa carrière d’urbaniste et de directrice d’une association professionnelle ; elle présente son métier de coach d’équipe : l’art de révéler l’intelligence collective et de permettre au groupe d’initier et d’accueillir les transformations propres à toute organisation.
Julien Defait, parle de son arrivée à La 27e Région il y a deux ans et demi en tant que designer. L’occasion aussi d’évoquer l’expérience de la résidence qu’il a mené en début d’année dans la mairie du XIX arrondissement à Paris, sur le thème de l’accueil. C’était la première expérience commune entre La 27e Région et la mairie de Paris.
Lilas Ozanne, est designer également et stagiaire à La 27e Région. Elle parle de son école au Danemark, la Design School Kolding, dont elle est fraîchement diplômée et de l’appétit de certains designers pour les problématiques sociales et politiques.
Nadège Guiraud est en charge de la coordination du programme La Transfo à Paris pour La 27e Région, et fait notamment le lien avec les autres collectivités embarquées dans la démarche.
Clémence Pène, la “régionale de l’étape”, présente sa direction, le secrétariat général, et son rôle de co-pilote dans La Transfo. Responsable de l’Innovation interne, elle assure le lien entre La 27e Région, les résidents, les ambassadeurs et les relais. Elle joue le rôle de « résident à domicile ».
La Transfo, c’est quoi pour nous ?
Un atelier collectif pour cerner ce que représente La Transfo pour chacun d’entre nous, et ce que nous souhaitons obtenir à l’issue de la démarche. L’objectif est de comprendre les motivations et les attentes de chacun, et d’en sortir des éléments partagés.
Divisés en petits groupes, les ambassadeurs répondent à des questions comme, “S’il y avait un truc fou à explorer pendant la transfo, ce serait quoi ?, “Qu’est-ce que vous attendez des résidents ?”, “À la fin de La Transfo, votre rêve / votre cauchemar ?” …
Toutes les quart d’heure, nous changeons de groupe (et donc de question), sauf une personne qui reste à sa table pour expliquer aux nouveaux arrivants le contenu de la discussion préalable. Cette méthode s’appelle le world cafe.
Parmi les enseignements qui ressortent de cette réflexion, il y a de nombreuses envies : travailler différemment, améliorer les relations entre les agents et les usagers, embarquer les élus, se remettre en question, changer vraiment les choses. Pour en savoir plus, voir l’article “Notre transfo c’est quoi ?”, qui récapitule les idées qui ont été brassées et qui serviront certainement de fil rouge pour tout le reste de la démarche.
Le Codex : les règles du groupe
Regroupés en cercle, nous nous plions au jeu du brainstorming inversé. Chacun s’exprime sur ce qu’il ne veut vraiment pas voir dans le groupe : être agressif, arriver en retard, être timoré dans les idées… Un exercice qui nous permet de prendre à revers nos logiques classiques de pensée, en exprimant le négatif pour formuler ensuite son pendant positif.
Le groupe d’ambassadeurs définit collectivement les règles nécessaires à la bonne marche de la Transfo Paris
L’idée est de mettre en place, sans contraintes hiérarchiques, des règles communes au groupe qui puissent servir de références pour tout le reste de La Transfo. Tout en pouvant évoluer en fonction des besoins du groupe.
Lancement du premier cas pratique, la carte citoyenne.
Pour cette première session, nous avons décidé de travailler sur le cas pratique de la Carte Citoyenne, avec l’idée d’en faire un sujet de travail pour introduire nos agents ambassadeurs aux méthodes d’enquête sur le terrain. A l’initiative de la Maire Anne Hidalgo et à la suite des attentats de Charlie Hebdo, la Carte Citoyenne-Citoyen de Paris est donnée gratuitement à chaque parisien qui en fait la demande, sans condition d’âge ou de nationalité, et envoyée automatiquement aux écoliers parisiens (à partir de 7 ans). Elle donne accès à une offre culturelle et sportive, une découverte des institutions parisiennes et peut remplacer la carte de bibliothèque. Le projet répond alors à une double mission: rassembler et fidéliser les parisiens et donner accès à la diversité d’offre de services et de loisirs de la Ville.
Cependant, son lancement récent dévoile des zones d’ombre sur ses usages réels et la façon dont elle est perçue par les parisiens, ce qui en fait un terrain d’étude particulièrement intéressant pour nos ambassadeurs.
Qui sont donc les usagers de cette carte et quels sont les usages réels de cette carte? Comment articule-t-elle citoyenneté et offre de services ?
Introduction du sujet
Le sujet est lancé avec la présentation de la Carte par Stéphane Moch et Emilien Martin, du service de la Participation citoyenne, en charge de sa mise en oeuvre. L’objectif n’est pas de formuler un cahier des charges pour nos ambassadeurs ou de faire d’eux des experts, mais bien de créer un socle de connaissances communes au sein du groupe. Sans offrir de « promesses de résultat » (comme les autres cas pratiques traités lors des Transfo, la Carte Citoyenne est surtout un moyen d’expérimenter de nouvelles méthodes de travail), nous promettons à Stéphane Moch de partager avec lui les informations et idées qui seront sorties de nos sessions de travail.
Après ce temps de présentation et d’échange, les ambassadeurs s’étonnent et s’inquiètent à l’idée de partir en enquête sans être eux-même spécialistes du sujet. C’est ici un grand enjeu de la démarche d’enquête en immersion : comment tout apprendre d’un sujet en rencontrant ses usagers ?
Citoyens à Paris
Nous commençons par cartographier les lieux de citoyenneté à Paris. Dans un deuxième temps, nous cartographions les usagers de la Carte Citoyenne que nous pourrions interroger
Rassemblés autour d’un plan de Paris, nous faisons un premier état des lieux « à chaud » des espaces de citoyenneté parisiens. L’idée est de créer collectivement une cartographie thématique de la citoyenneté parisienne. Chaque binôme marque sur la carte deux lieux de son choix, représentatifs de la citoyenneté à Paris. La Place de la République, Le 104, une école primaire, le périphérique, … sont cités (et beaucoup d’autres!).
Prendre note collectivement des premières intuitions permet à la fois de dépasser les lieux communs (et ne pas s’y arrêter) et de poser les bases d’un document partagé qui sera enrichi au fur et à mesure des recherches. La cartographie révèle une citoyenneté principalement localisée à l’Est de la ville, dans les quartiers les plus populaires, ainsi qu’un mélange entre des lieux culturels, des institutions et des espaces publics.
Ce document nous servira à nouveau plus tard, lorsqu’on décidera des personnes à rencontrer sur rendez-vous.
Introduction à la méthode
Nous commençons notre deuxième journée par l’explication en détails de la méthode de l’enquête en immersion, avec déclinaison de chacun des rôles-clés : le journaliste, le photographe et l’observateur.
Pour en savoir plus sur la méthode, rendez-vous ici.
S’ensuit un temps d’entraînement sous forme de jeu de rôles. Par groupe de 5, les ambassadeurs jouent tour à tour le journaliste, le photographe, l’expert enquêté ou observent la scène avec un regard critique. Nous avons imaginé en amont les rôles à jouer en fonction de situations que les agents pourraient rencontrer dans leurs enquêtes.
“Vous jouerez le rôle de Mélinée, 9 ans, habitante du 19e.
Votre profil : Vous êtes en CM1 à l’école Eugénie Cotton. Vous êtes super fière d’avoir reçu cette carte, vous la gardez précieusement dans votre cartable. Mais vous ne l’avez jamais utilisée.”
L’exercice permet de formuler collectivement les questions et postures pour les enquêtes à venir
Le matin du deuxième jour est dédié aux différentes postures à adopter lors d’un entretien (journaliste, observateur, photographe)
Les ambassadeurs s’entraînent à l’entretien en immersion grâce à un exercice d’improvisation
En enquêtes
Par équipes de 3, les ambassadeurs se rendent à la Mairie du XIVe arrondissement, au centre d’information téléphonique 3975, à la Bibliothèque Françoise Sagan, à la Maison des Ensembles, à la Mission participation citoyenne et au Club des Jardins des Halles, pour réaliser des entretiens sur le vif, suivant la méthode travaillée pendant la matinée.
Les ambassadeurs se rendent en entretiens in situ pour comprendre les enjeux d’usages de la Carte Citoyenne
Chaque équipe prépare un panneau pour la restitution de leur entretiens
Suite aux entretiens, nous réunissons nos analyses
Pour préparer la prochaine session d’entretiens, les ambassadeurs se séparent en 4 groupes de travail: les agents relais de la carte, les usagers de la carte, les pilotes et la symbolique de la citoyenneté à Paris
Par ici pour lire la synthèse des entretiens à la volée
Clôture de la session #1 : l’accrochage mouvant
Pour rendre compte de ces 3 jours de travail intensifs, nous proposons aux ambassadeurs une méthode originale de restitution que nous baptisons « Accrochage mouvant ». La salle est divisée en plusieurs pôles au sein desquels les ambassadeurs présentent et racontent cette première session de travail. Toutes les dix minutes, la cloche sonne, les visiteurs changent de pôle. Les pôles sont les suivants :
- Présentation de la session 1 dans son ensemble : déroulé des activités, vie de groupe, règles de travail instaurées collectivement…
- Bureau des méthodes : explication des méthodes d’interview en immersion
- Analyse des interviews, sur la base des restitution de chaque groupe et du retour collectif
Pour notre grand plaisir, les ambassadeurs s’emparent de cette forme et nous proposent d’ajouter deux autres pôles:
- La cartographie des lieux de la citoyenneté parisienne : les visiteurs sont invités à compléter la carte avec leurs propres propositions.
- Les bons contacts : les visiteurs sont invités à partager avec nous des contacts de personnes qui leur semblent intéressantes à rencontrer.
Restitution des 3 jours sous forme d’accrochage mouvant. Les visiteurs découvrent différents pôles thématiques. Ici, le Bureau des méthodes
Le rôle des Agents Relais
Nous profitons de l’accrochage pour solliciter les agents relais qui nous indiquent des acteurs de la citoyenneté à rencontrer
Cette première restitution publique est l’occasion d’évoquer le rôle des Agents Relais au sein de la Transfo Paris. Plusieurs idées sont évoquées, mais leur rôle reste à définir :
- les agents Relais sont bien entendu invités à participer aux restitutions publiques et à se faire la voix de l’administration auprès des Ambassadeurs et vice-versa. La restitution était-elle claire? Qu’est-ce qui éveille votre curiosité? Vous enthousiasme? Soulève des doutes?
- les Relais pourraient être sollicités en tant qu’experts, suivant les besoins de la Transfo.
- ils pourraient aussi être les premiers testeurs des maquettes que feront les ambassadeurs dans les prochaines sessions. Leur avis sera nécessaire pour améliorer les prototypes!
D’autres idées ? Contactez-nous !
Retour sur les trois jours
La session se clôture par un tour de parole pour débriefer cette première session, sous l’oeil curieux de quelques agents et responsables de la Direction de la Démocratie, des Citoyens et des Territoires. Tous, nous saluons l’énergie et la bienveillance du groupe. Il semble que chacun se sente à l’aise pour dire ce qu’il pense, c’est de bon augure pour la suite! Malgré les doutes exprimés le premier jour sur le fait de travailler sur un sujet choisi par les Directeurs, le groupe est enthousiaste, la thématique de la citoyenneté touchant chacun sans exception.
Les ambassadeurs ont soif d’en découdre, c’est une sacré pression pour nous, l’équipe de résidents.
Après 3 jours intensifs, on a hâte de se retrouver et de voir la suite !