Session #7 et #8 : les Fabrique à POC, un projet démonstrateur (cas 2bis)
En cette fin d’année 2019, nous avons poursuivi notre second cas pratique sur les espaces vacants. Émanant d’un groupe de travail transversal, ce cas pratique vise à aider le service dans la préfiguration d’un service public de l’occupation transitoire. En septembre et octobre 2019 nous avions travaillé sur l’hypothèse d’une mise à disposition de ces espaces aux services de la MEL. L’expérimentation, raconté plus en détail ici et là, nous a permis d’identifier les points d’amélioration dans le modèle actuel de prise en charge informel au cas par cas, et de confirmer le potentiel, en matière de couverture territoriale et d’innovation de service, d’une occupation transitoire de ces espaces vacants pour les activités MEL.
La seconde hypothèse, qui nous occupe lors de la session #7 et #8 de novembre et décembre 2019, est celle d’un service ouvert à l’ensemble des acteurs du territoire, et se faisant, l’hypothèse d’une sorte de « guichet » d’occupation des espaces vacants MEL. L’enjeu est ici double : préfigurer les formes possibles d’un futur service public de l’occupation temporaire, et créer un rampe de lancement solide pour ce futur service public. En d’autre termes, nous avions besoin d’un projet « démonstrateur », préfigurateur et accélérateur du service.
Un beau challenge pour la transfo et le futur labo ! C’est ainsi que nous avons mené un “projet dans le projet” : les fabrique à POC, espace événementiel en occupation temporaire dans le cadre de Lille World design Capital, en 2020. Nous revenons ici sur les étapes d’émergence et de lancement de ce projet.
TROUVER LE BON ACCELERATEUR DE PROJET
IDENTIFIER UN CONTEXTE TRES PORTEUR : WOLD DESIGN CAPITAL
Tout commence par l’identification d’un contexte porteur, auquel il serait opportun de se greffer : la World design Capital. Ce titre est décerné tous les deux ans en signe de reconnaissance de l’utilisation novatrice du design par une ville dans le but de renforcer son développement économique, social, culturel et environnemental. La Métropole Européenne de Lille a été retenue pour représenter la « Capitale Mondiale du Design » en 2020. La spécificité de la candidature est de proposer un processus de transformation du territoire par le design, s’appuyant sur un appel à projets d’innovation par le design – aussi appelés POC – sur l’ensemble des thématiques sociétales (politiques publiques, mobilité, soin, écologie, énergie, etc.). Leur valorisation est un des trois axes majeurs de la programmation.
A deux ans du lancement, cet événement et contribue à mettre à l’agenda politique l’innovation par le design sur tout le territoire.
CONSTRUIRE UN PROJET FAISANT LA JONCTION : LA FABRIQUE A POC
Voilà donc un contexte très porteur bien identifié ! Reste à trouver un objet de collaboration concret, un véritable projet commun…. autrement dit, imaginer le bon « greffon » à la jonction des besoins de ce cas pratique, et des besoins de WDC.
Ici nous pouvons nous appuyer sur cette capacité du design à traduire des intentions en objets de projets. François Jegou, résident de la transfo et également associé aux réflexions sur la valorisation de ces « POC », propose de mettre à disposition cette ressource que représente les espaces vacants de la MEL pour mettre en scène les POC et les ancrer sur le territoire. Ces espaces vacants ainsi investis deviendraient des vitrines et des espaces de fabrique de ces POC, ouvert au porteur de projets et au public, permettant leur mise en test.
Une piste est séduisante pour la WDC, et pourrait permettre à la MEL de roder les fonctions d’un service public de mise à disposition d’espace vacant : travailler, en faisant l’expérience, des modalités de présentation d’une offre, des questions juridiques, de poser la question de la mise en oeuvre, de l’accompagnement des porteurs de projet. Cela permettrait également profiter de la visibilité de WDC pour mettre en lumière la préfiguration de ce nouveau service.
POSER LES PREMIERS BRIQUES D’EXPERIMENTATION
Une fois l’accord (et l’enthousiasme !) des partie-prenantes obtenus, la transfo s’attaque au projet, en procédant étape par étape.
PROTOTYPER UN CATALOGUE DES ESPACES VACANTS
faire Première étape : voir si certains espaces pourraient coller avec les besoins de la WDC Pour ce faire, nous travaillons, sur un catalogue d’espaces vacants, servant d’outil de dialogue entre la MEL et la WDC ; et sur des projections de ce que pourraient être ces « fabriques à POC ».
Après un premier échange avec la WDC, Gérard, ambassadeur, agent au service patrimoine et contributeur au groupe de travail transversal à l’origine du cas pratique, présélectionne une demi-douzaine d’espaces vacants qui pourraient se prêter au jeu. Une maison en attente de démolition dans le cadre d’un projet de voirie en centre ville de Lille, un ancien garage proche du canal de la Deule, un plateau en RDC désaffecté à Tourcoing… ces lieux sont très différents les uns les autres, pour justement donner à voir l’éventail des possibles.
En session 7 et 8, les ambassadeurs partent en sous-groupe à la découverte de ces lieux, avec pour mission de rapporter suffisamment d’éléments visuels, d’impression et d’éléments de contexte pour rendre compte de ces sites. Ils établissent préalablement une liste d’item à photographier : contexte, volumes, vue, espace extérieur, façade…
De retour de leur visite, il font un travail de sélection des photos et de rédaction : choisissent un titre pour le lieu et écrivent un petit texte incisif qui donne envie. Un exercice d’éditorialisation qui sera accompagné de fiches techniques pour chaque lieu, produite par le service patrimoine. Tous ces sites sont ensuite intégré dans un blog crée pour l’occasion, qui nous permettra de facilement diffuser l’info à WDC : https://fabriquesdepoc.home.blog
LES BONNE PRATIQUES DE GESTION D’UN ESPACE
En parallèle, les ambassadeurs vont à la rencontre de plusieurs porteurs de projets de tiers lieux et d’occupation d’espace vacants pour enquêter sur leurs besoins, et les différentes fonctions d’un lieu tiers. Les ambassadeurs mènent les entretiens, après avoir construit leur propre grille de question.
De ces témoignages, ils identifient les fonctionnalités que pourraient avoir ces fabriques à POC, et les modélisent :
Le tout est transmis à WDC. Et les retours sont plutôt positifs : en janvier 2019, la WDC semblait intéressée par plusieurs lieux pour exposer des projet innovants en matière d’habitat et de mobilité !
OUTILLER LE PROCESSUS
Ces premières étapes de travail permettent de lancer concrètement la coopération autour de ce projet de Fabrique à Poc. Reste que le projet en est encore à ses débuts, et de nombreuses autres étapes attendent la WDC et la MEL : visites témoins, clarifications juridiques, contractualisation, mise au norme des lieux, gestion durant l’exposition.
Pour outiller le groupe transversal dans la poursuite de ce travail, nous élaborons deux recommandations :
– Une recommandation de délibération : pour poser les jalons de la mise en place d’un nouveau service public de l’occupation transitoire, nous avons proposé d’inscrire dans la délibération un process d’expérimentation en trois étapes.
– Un plan d’action schématique : Inspiré des travaux réalisés par URBACT, nous avons imaginé comment, à travers l’expérimentation des Fabriques à POC, les porteurs de la gestion des espaces vacants pouvaient mettre en place un service public de l’occupation transitoire (organisation, process, outils).