La Transfo : Dunkerque entre dans la danse !
Après Mulhouse et Paris, c’est à la communauté urbaine de Dunkerque (CUD) de faire son entrée dans le grand bal de la Transfo. Vingt agents, 4 résidents, réunis 2 à 3 jours par mois pendant 18 mois pour préfigurer et petit à petit mettre sur pied un laboratoire d’innovation publique. Première ronde introductive du 7 au 9 mars, entre funambulisme, improvisation, et fulgurance.
* Jour 1 *
1- Arriver à bon port
Dorénavant, c’est le Paris-Dunkerque de 6h48 qui mènera notre équipe de résidents à bon port.
Arrivée mardi matin, 8h30, soleil de plomb et petite brise matinale sur le port de Dunkerque. Les résidents cheminent guillerets vers le lieu de rendez-vous.
- Alexane Brochard est praticienne-chercheuse en éducation populaire,
- Xavier Figuerola est designer, co-fondateur de l’agence Talking Things
- Laura Pandelle est designer à La 27e Région.
Ils sont tous trois mandatés par La 27e Région pour accompagner et former les agents de la CUD pour toute la durée du programme.
Camille Chevroton est stagiaire pour Talking Things. Elle participera aux premiers temps de l’aventure avec le trio. Et puis, côté 27e Région, Nadège Guiraud est en charge de la coordination du programme La Transfo et fait notamment le lien avec les autres collectivités embarquées dans la démarche.
Direction donc la Halle aux sucres où les agents « ambassadeurs de la Transfo » les attendent de pied ferme…
2- Comprendre ce qui nous relie
Les ambassadeurs ne se connaissent pas bien. Ils travaillent tous pour la CUD, mais se croisent finalement rarement pour certains. Mais qui sont ces ambassadeurs ?
Un groupe d’agents de la CUD qui ont répondu à l’appel à la candidature de la Transfo, orchestré par Mathilde Jospeh (chargée de mission « stratégie et évaluation), notre complice sur place. Ils viennent de la culture, de la mission numérique, du service des marchés, ou encore de services techniques comme l’exploitation des feux tricolores ou l’entretien des milieux naturels… Autant de métiers différents qui viennent composer ce groupe Transfo à multiples facettes.
Des présentations s’imposent donc. Sous forme de jeu, avec lancer intempestif d’une pelote de fil jaune, chacun donne son nom, prénom, service, attente pour la Transfo. Un joli nœud se forme alors progressivement au centre du cercle et on comprend progressivement ce qui nous lie, pourquoi nous nous retrouvons tous et toutes ici, pour 18 mois.
Les présentations se poursuivent par un jeu de placement. A chaque affirmation donnée par l’animateur, le groupe se dispatche soit du côté « oui », soit du coté « non » : «Je me sens proche des usagers ?», «Je produis plus de 10 notes par an ?», «J’ai toujours un œil sur les chiffres ?», «J’ai les mains dans le cambouis ?», «Je passe plus de la moitié de mon temps en réunion ?», «Parfois j’aimerais faire différemment ?»… Autant d’occasions de discussions et de débat entre les agents ! Autant d’occasions de confronter les représentations de son métier, de sa place dans la collectivité, ou encore de la perception de son rôle par les habitants de Dunkerque.
3/ Danser de table en table
Après la présentation de la Transfo et de ses enjeux, il était important d’échanger autour des idées préalables de chacun et chacune sur ses quatre grands totems : usagers, laboratoire, innovation, expérimentation. Ces concepts reviennent de façon récurrente dans le vocabulaire de la Transfo, et pour autant ils peuvent prêter à confusion pour les novices. Qu’est-ce qu’un laboratoire : un truc d’experts, ou un espace ouvert ? Une nouvelle élite administrative ou un outil pour tous ? Mettre l’usager au centre des politiques publiques, qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce que ça implique en termes de pratiques ? Façon « World café », de thème en thème et de table en table, les ambassadeurs ont pu sonder leur imaginaire concernant ces notions-valises, et questionner leurs idées préconçues. Les grandes problématiques qui en ressortent seront précieuses pour la suite de La Transfo.
*Jour 2*
4- Porter les paroles
Deuxième jour : temps de l’immersion. Le mauvais temps est au rendez-vous, mais la pluie et le vent ne vont pas refroidir les ambassadeurs, qui en ont vu d’autres ! C’est donc parti pour un « porteur de paroles », toute la journée, dans les rues de Dunkerque.
Le Porteur de Paroles est une modalité d’enquête sur le terrain. Son fonctionnement : interpeler les habitants directement dans l’espace public, à travers l’affichage d’une question plus ou moins polémique, politique, ou critique. Pratiquée et approfondie par de nombreux acteurs de l’éducation populaire (notamment l’association Matière Prise et la scop Le Pavé), cette approche permet de (re)créer du débat dans l’espace public, et de matérialiser la prise de parole de chacun par un affichage éphémère. Dans le cadre de La Transfo, cette méthode est testée comme une modalité de dialogue entre l’acteur public et les citoyens.
Recréer une attention à l’usager dans la conception des politiques publiques est un axe fort des démarches d’innovation défendues par La 27e Région. ça ne sert à rien d’inventer de nouveaux services publics entre experts et en ‘boîte noire’, il faut repartir de la base, comprendre ce que perçoit le citoyen dans l’usage quotidien des services publics. Mais cette posture d’observation n’est pas toujours facile à adopter. L’exercice du porteur de paroles permet justement de créer de la spontanéité et de l’immédiateté dans le dialogue entre agents et habitants. Pas de questionnaire, pas d’objectifs d’enquête, on capte simplement des opinions et des points de vue « à chaud » sur une question publique. Rien de tel pour détendre l’atmosphère !
Quatre groupes partent à l’assaut de l’espace public, avec une question sous le bras : « Un ami arrive à Dunkerque, vous l’emmenez où ? », « Moi, maire de Dunkerque… », « Dunkerque, dans 20 ans, ce serait quoi ? », « L’administration vous aime t-elle ? ». Postés dans un endroit passant (et au sec…), les enquêteurs sont donc allés sonder les avis et points de vue des dunkerquois, en gardant quelques « pépites », petites phrases qu’ils notent sur un panneau, et affichent à coté de la question.
Le porteur de paroles montre que la Transfo ne repose pas sur l’application d’outils clé-en-mains proposé par les animateurs… mais bien sur une nécessaire adaptation de ces outils au contexte. Pendant toute la journée, les ambassadeurs expérimentent le dispositif, mais sondent aussi leur propre ressenti par rapport à la situation : le contact avec les habitants semble-t-il facile ? Qu’est-ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas ? etc.
De cette première immersion, les ambassadeurs sont revenus satisfaits et convaincus qu’il est fondamental d’aller à la rencontre des usagers pour faire avancer les politiques publiques. Premier test réussi, donc. Dans l’attente impatiente des suivants !
*Jour 3*
5- Exposer
Nous clôturons cette session introductive par une exposition publique de présentation de la Transfo et des travaux accomplis pendant ces deux journées. Les ambassadeurs étaient à la manœuvre pour l’organiser à leur convenance. Ils ont d’abord décidé des thèmes des différents espaces de l’exposition puis, en petits groupes, de la manière d’en parler et de les présenter matériellement.
L’exposition a eu lieu dans le hall de la CUD, et reçu la visite d’une centaine d’agents. Ils ont pu déambuler dans les différents espaces, à chaque fois accueillis avec bonne humeur et petits gâteaux.
Au bout du parcours, un porteur de paroles les attendait, posant la question « Ici, on innove. De quoi voulez vous causer ? », et incitant ainsi les visiteurs à exprimer leurs propres idées et projections sur ce concept d’innovation. Ce qui a visiblement inspiré les participants, au vu du nombre de réponses données à lire !
Une réussite !
Bravo les ambassadeurs !
*Sur le fil d’avril*
Belle prestation que cette première ronde, qu’ils nous tardent à tous et toutes de réitérer !
Du 4 au 6 avril prochain, la Transfo rentrera dans le vif du sujet, avec un travail sur un premier cas pratique, « Réflex’énergie ». Dispositif opérationnel depuis 2006, il a permis à plus de 9000 personnes de bénéficier d’une aide pour améliorer l’efficacité énergétique de leurs logements, soit 15% des foyers de l’agglomération. Après une dizaine d’année de mise en oeuvre, la Transfo permettra d’apporter un regard neuf sur ce dispositif.
Rendez-vous donc sur la piste, le 4 avril !