Mars 2018 : de la participation citoyenne à la participation des agents

Mars 2018 : bilan du cas pratique N°4 (Participation citoyenne et numérique) et ouverture du dernier cas pratique de la Transfo Dunkerque.

Après avoir scrupuleusement analysé ce que peut, ce que veut et comment se rêve la participation citoyenne au sein de la communauté urbaine via le dispositif DKclic, un temps de bilan s’imposait à notre groupe d’ambassadeurs sur ce cas pratique un peu particulier.

Prendre le temps d’un bilan

Au sortir de ce quatrième cas pratique, on sent en effet venir la fin. Le programme Transfo se terminant en octobre 2018, il nous faut envisager le prochain cas pratique comme le dernier, et aller vers la mise sur pied du Labo. Nous avons, résident·es et ambassadeurs·drices, bien cela en tête, mais nous nous accordons sur la nécessité de prendre le temps d’un bilan du cas pratique précédent avant de partager enjeux, besoins et envies quant au choix du dernier opus de la Transfo.

Durant une journée, nous avons refait le chemin du cas pratique juste achevé, en revenant sur chacun des moments marquants. Connaissance et délimitation du sujet, problématisation et formulation des diverses questions à traiter, immersion via entretiens, observation, puis idéation, prototypage, test, retour de test et préconisations : comment avons-nous travaillé, quels ont été nos réussites et nos échecs, comment avons-nous vécu chacun de ses moments, et si nous devrions le refaire ? C’est progressivement, de retours d’expériences en avis, que le groupe parvient à s’auto-analyser, établir son bilan, et dessiner sa carte des envies et enjeux pour le prochain cas pratique. Cet exercice permet aussi de questionner avec les ambassadeurs l’architecture d’une session de travail : temps collectifs, sous-groupes, débriefs, prises de décisions … etc.

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Que veut on ?

Contrairement aux cas pratiques précédents – qui ont jusque là toujours été proposés par les résident·es sur la base d’idées transmises par les différentes directions de la CUD – le choix de l’ultime cas pratique s’est élaboré avec les ambassadeurs·drices. La première question posée a été : que voulons-nous ? Que ne voulons-nous pas ? Quelle est notre stratégie ?

  • Nous ne voulons pas refaire un cas pratique dont les retombées seraient trop théoriques, pas assez visibles et directes pour les agent·es concernés.
  • Nous voulons que les prototypes soient construits, installés dans un espace, connus de tous et toutes, appropriés et discutés par les agent·es concerné·es.
  • Nous voulons travailler de bout en bout avec ces agent·es, les impliquer tout au long de la démarche, ne pas faire sans eux au risque de ne pas produire quelque chose de réellement pertinent.
  • Nous voulons aussi que le sujet choisi entre en résonance avec les problématiques en cours au sein de l’administration.
  • Nous voulons aussi nous organiser différemment, imaginer d’autres formes coopératives pour travailler ensemble, qui soient plus légères et matérialisées.

Le positionnement des envies et besoins a permis d’aboutir à un choix collectif : nous travaillerons sur l’espace vert du Bois des Forts, pour penser, imaginer et proposer d’autres modes de gestion et d’autres amménagements du site.

4. Enquête auprès des agents 5. Le bois des forts 8. Analyse du site 9. L'arbre d'Hervé

Le bois des forts, j’adore ! C’est parti ! La Transfo Dunkerque se lance donc dans son cinquième et dernier cas pratique !

Première étape : de quoi s’agit-il, en fait ?

Pas de travail pertinent sans une bonne compréhension du sujet et de ses enjeux, on le sait. Chaque ambassadeur·drice a donc chaussé ses plus belles bottes pour une visite commentée du Bois des forts, précédée par une rencontre avec celles et ceux qui y travaillent quotidiennement.

C’est quoi le Bois des forts ? Que s’y passe t-il ? Depuis quand travaillez vous ici ? De quoi sont composées vos missions et vos journées ? Comment pourriez vous définir le site ? Qui le fréquente ? Quels seraient selon vous les améliorations à apporter à la gestion du site et à vos actions ?

De ce retour de première immersion, le groupe s’est attelé à identifier tous les acteurs agissant sur et pour le Bois des forts, du jardinier au chef de service, en passant par des professionnel·les des structures sociales alentours. Une batterie de pas moins d’une vingtaine d’entretiens ont été réalisés par les ambassadeurs·drices, pendant et hors du temps de session.

Grace à toutes ces informations, et suite à un travail collectif de synthèse et problématisation, le groupe a été en mesure de formuler quatre sujets sur lesquels travailler durant les trois sessions qui lui seront consacrées :

  1. Comprendre et valoriser ce qui fait commun quant aux usages et histoires du site.
  2. Mieux se repérer sur le site pour mieux en appréhender l’identité.
  3. Donner une place et un droit à l’expérimentation aux jardiniers.
  4. Mieux faire comprendre le métier de jardinier par la valorisation des connaissances et savoir faire pour les usager·es du site.

Deuxième étape : planifier l’expérimentation

Pour transformer ces quatre problématiques en plan d’attaque, les résident•es ont imaginé un outil, la Boussole, permettant de passer de l’idée au projet. Ce support, composé d’un plateau de jeu et d’un nuancier de cartes/réponses vise à discuter collectivement des différentes facettes d’un projet :

  • le positionnement et la thématique
  • les règles de fonctionnement de l’équipe
  • la méthodologie d’action

Et pour l’anecdote, en raison des grèves SNCF, les résident•es n’avaient pas pu assister à la journée de travail consacrée à la mise en pratique de la Boussole. Mais qu’à cela ne tienne ! Les ambassadeur•drices ont su s’emparer de l’outil pour avancer !

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Troisième étape : les essais

La phase de planification effectuée, il ne reste plus qu’à passer à l’action !

Avant de se lancer dans la phase de prototypage et de test de nouveaux aménagements dans le Bois des Forts, le groupe a exprimé le besoin d’un moment d’apprentissage et de réflexions sur la veille créative : comment renouveler son imaginaire, quand on cherche à inventer de nouveaux services ou espaces publics ? Animé par les résidents, il fut l’occasion de s’octroyer un moment constructif d’inspiration, via la découverte d’expériences de prototypage et d’aménagement d’espaces éphémères.

Puis, encore à la demande des ambassadeurs·drices, le temps de prototypage a été volontairement plus dense et abouti que les précédents, signalant une maîtrise du procédé par le groupe, construite au fur et à mesure de la Transfo, pour laquelle on ne saurait cacher notre satisfaction commune !

4-protosAprès un temps d’élaboration et de validation de chaque prototype dans sa forme et les besoins auxquels ils comptent répondre, le groupe d’ambassadeurs·drices s’est pour la première fois essayé à la construction de maquettes. Nous avions en effet décidé que les prototypes seraient construits avec les agents impliqués sur le Bois des forts, qu’ils seraient grandeur nature et installés sur le site pendant quelques temps. Cette phase nécessitait donc une mise en forme préalable, faisant office d’entraînement et de premier test du prototype.

 

Ces maquettes ont notamment servi à un nouveau temps d’échange avec les agents du Bois des Forts, afin de sonder leur expertise de terrain, et les inviter à jouer le jeu de l’expérimentation ! Un beau moment de rencontre entre des services de la CUD éloignés … de plusieurs kilomètres !

Une fois les maquettes validées, quatre équipes se sont formées, composée chacune d’ambassadeurs et d’agents du service concernés, pour s’atteler à la construction des prototypes répondant à chaque sujet.

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Les prototypes ont ensuite été installés dans le Bois des forts pour pouvoir les tester et en observer la pertinence. Et pour la petite histoire, on apprend qu’en septembre, lors de la rentrée de la Transfo, ils y sont toujours. A peine détériorés, comme le craignait le groupe, ils sont toujours utilisés. Des prototypes auquel l’usage ininterrompu a conféré en somme une inattendue pérennité / a empêché l’obsolescence.

En juillet 2018, les ambassadeurs.drices ont souhaité partager l’expérience de ce projet inter-service avec le reste de la CUD en organisant un “midi-découverte”, à l’initiative de la com’ interne.

Le bilan

Ce dernier cas pratique est considéré pour beaucoup comme un succès. Du point de vue du travail en équipe d’abord. Le groupe d’ambassadeurs sort en effet très satisfait de sa coopération avec le groupe d’agents techniques du Bois des Forts, présents du début à la fin, et réellement impliqué dans la conception et la réalisation des prototypes.

Succès aussi du point de vue de la manière de traiter les problématiques identifiées. Le richesse du travail de défrichage et compréhension du sujet, via de nombreux entretiens, a permis de bien cibler les enjeux, et donc de produire des éléments pertinents.

Toutefois, cette expérience soulève quelques questionnements. Comment sa forme coopérative et transversale peut être démultipliée et adaptée à d’autres services, espaces et dispositifs ? Quel scenario d’innovation publique cela dessine dans ce qu’elle propose comme nouvelles formes de travail en commun entre les différentes strates d’une direction et de l’administration ? Et surtout, comment sensibiliser à cette approche les différents échelons managériaux de la CUD, surtout à un niveau intermédiaire, ou un certain conservatisme s’exprime. Après la participation citoyenne, c’est donc une réflexion sur la participation des agents, et le cadre expérimental qui peut leur être donné dans leurs missions quotidiennes, qui s’ouvre avec ce dernier cas pratique de la Transfo.

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